Ironie Ironie
Ironie
Interrogation Critique et Ludique n°169 –
Juillet/Août/Septembre 2013
http://ironie.free.fr
– ISSN 1285-8544
IRONIE : 51, rue Boussingault - 75013
Paris
Blog
Ironie : http://interrogationcritiqueludique.blogspot.fr
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JEU
I
Défense
de l’ironie
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Play with life
« The word
“ludique”, in latin “ludo”, means “to jouer”, “to play”, which is things to
live for.
You play chess and you
kill, but you don’t kill much. People live after have been killed, you see.
In chess, but not in
normal wars. It’s a peaceful thing, it’s a peaceful way of understanding life.
To play, play anything
else, chess… but all games, all games, play with life. »
Marcel Duchamp
« Aucune époque vivante n’est partie d’une théorie :
c’était d’abord un jeu, un conflit, un voyage. »
Guy Debord
« Quand j’ai rencontré Guy Debord en 1952 à Paris, il
insistait toujours sur le mot ludique »
Conversation avec Jean-Michel Mension – 1997 – Café
L’Assignat
« Jouer à avoir des intentions ne vous détournera pas
de la belle gratuité de votre activité. »
Franz Hessel – Flâneries
parisiennes (Traduction : Maël Renouard)
*
Vie merveilleuse
« J’ai eu une vie absolument
merveilleuse. »
Marcel Duchamp
*
L’art de vivre
« J’aurais voulu travailler, mais il y
avait en moi un fond de paresse énorme.
J’aime mieux vivre, respirer, que
travailler. Donc, si vous voulez, mon art serait de vivre. »
Marcel Duchamp
*
Ne travaillez jamais
« Je n’ai pas envie de travailler
ou de faire quelque chose. Je suis très bien.
Je trouve que la vie est tellement
belle lorsqu’on n’a rien à faire…
Du moins à travailler j’entends.
Même la peinture, les questions d’art
ne m’intéressent absolument plus.
Le travail pour vivre est une
imbécillité. »
Marcel Duchamp
*
Pêcheur de perles
« Renouons la chaîne régulière avec les temps
passés ; la poésie est la géométrie par excellence. »
Lautréamont
« L’avenir n’a été exploré que par des charlatans et
c’est le passé qui demeure inexploré ! »
Marcel Duchamp
« Comme le pêcheur de perles
qui va au fond de la mer, non pour l’excaver et l’amener à la lumière du jour,
mais pour arracher dans la profondeur le riche et l’étrange, perles et coraux,
et les porter, comme fragments, à la surface du jour, il plonge dans les
profondeurs du passé, mais non pour le ranimer tel qu’il fut et contribuer au
renouvellement d’époques mortes. Ce qui guide ce penser est la conviction que
s’il est bien vrai que le vivant succombe aux ravages du temps, le processus de
décomposition est simultanément processus de cristallisation ; que dans
l’abri de la mer – l’élément lui-même non historique auquel doit retomber tout
ce qui dans l’histoire est venu et devenu – naissent de nouvelles formes et
configurations cristallisées qui, rendues invulnérables aux éléments, survivent
et attendent seulement le pêcheur de perle qui les portera au jour : comme
"éclats
de pensée" ou bien aussi comme immortel Urphänomene. »
Hannah Arendt – Walter Benjamin 1892-1940 – 1971
Citation utilisée dans l’article 3
des statuts de l’association « Le club des Sous l’Eau » (2013)
*
Improvisation
« Dès
l’âge le plus tendre, il étonnait par la richesse de son improvisation. Il se
gardait bien cependant d’en faire parade ; mais les quelques élus qui
l’ont entendu improviser pendant des heures entières, de la manière la plus
merveilleuse, sans jamais rappeler une phrase quelconque de n’importe quel
compositeur, sans même toucher à aucune de ses propres œuvres, ne nous
contrediront pas si nous avançons que ses plus belles compositions ne sont que
des reflets et des échos de son improvisation. Cette inspiration spontanée
était comme un torrent intarissable de matières précieuses en ébullition. De
temps en temps, le maître en puisait quelques coupes pour les jeter dans son
moule, et il s’est trouvé que ces coupes étaient remplies de perles et de
rubis. »
Julian
Fontana à propos de Frédéric Chopin
« Dans
l’improvisation réside la force. Tous les coups décisifs seront portés de la
main gauche. »
Walter
Benjamin
*
On the road
« Le
pouvoir d’une route de campagne est autre, selon qu’on y marche, ou qu’on la
survole en aéroplane. Et le pouvoir d’un texte est autre aussi, selon qu’on le
lit ou qu’on le copie. Qui vole voit simplement la route se poursuivre à
travers le paysage, elle se déroule pour lui selon les mêmes lois que le
terrain qui l’entoure. Seul celui qui va sur la route apprend de son pouvoir,
et comment de ce plat espace-là, qui n’est pour l’aviateur que la plaine
s’étendant au loin, elle fait surgir à chacun de ses tournants des lointains,
des belvédères, des clairières, des perspectives, comme l’ordre lancé par un
commandant fait surgir les soldats d’un front. Seul le texte copié commande
ainsi à l’âme de celui qui s’occupe de lui, tandis que le simple lecteur ne
prend jamais connaissance des aperçus nouveaux de son intériorité, tels que les
dégage le texte, cette route qui traverse la forêt primitive, intérieure,
toujours plus dense : car le lecteur obéit au mouvement de son moi, dans
l’espace libre de la rêverie, alors que le copiste l’assujettit à une
discipline. Voilà pourquoi l’art chinois du copiste fut la garantie ultime d’une
culture littéraire, et la copie une clé pour les énigmes de la Chine. »
Walter
Benjamin – Sens unique
(Traduction : Frédéric Joly) – 1928
*
Pauvres vieilleries !
« Et
combien nous sommes encore loin de voir à la pensée scientifique se joindre les
facultés artistiques et la sagesse pratique de la vie, de voir se former un
système organique supérieur par rapport auquel le savant, le médecin, l’artiste
et le législateur, tels que nous les connaissons maintenant, apparaîtrait comme
de pauvres vieilleries ! »
Nietzsche – Le Gai Savoir – Phrase relevée par Guy
Debord dans ses fiches nomades
*
L’air de rien
« L’activité
littéraire véritable ne peut revendiquer se dérouler dans un cadre littéraire –
cela est au contraire l’expression habituelle de sa stérilité. L’efficacité
littéraire, si elle doit être remarquée, ne peut être le fruit que d’un échange
pénétrant de l’action et de l’écriture ; dans les tracts, les brochures,
les articles de magazine, sur les affiches, elle doit travailler les formes qui
n’ont l’air de rien, qui correspondent mieux que l’exigeant geste universel du
livre au crédit dont elle bénéficie dans les communautés laborieuses. Seul ce
langage vif se montre efficient, à la hauteur du moment présent. »
Walter
Benjamin – Sens unique (Traduction :
Frédéric Joly) – 1928
*
Gaieté
« Je
n’appelle pas gaieté ce qui excite le rire ; mais un certain charme, un
air agréable
qu’on peut
donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux. »
Jean de La
Fontaine – Préface aux Fables
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Volupté du temps
« Qui son corps livre / Au train poursuivre / De
volupté,
D’amours est yvre / De tousjours suyvre / Charnalité »
Guillaume Alexis – Grant
Blason des Faulces Amours – XVe
« Si vous êtes malheureux, il ne faut pas le dire au
lecteur. Gardez cela pour vous. »
Lautréamont
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Livres et putains
« I. On peut prendre au lit livres et putains. II.
Livres et putains croisent le temps. Ils maîtrisent la nuit comme le jour, et
le jour comme la nuit. III. Il n’y a personne pour voir que les minutes sont précieuses
aux livres et aux putains. X. Livres et putains rajeunissent beaucoup. »
Walter
Benjamin – Sens unique
(Traduction : Frédéric Joly) – 1928
*
Interrogation critique et ludique
« - Qu’est-ce que la parole ? – L’interprète de l’âme.
- Qu’est-ce que l’amitié ? - La similitude des âmes.
- Qu’est-ce que la foi ? - La certitude des choses
ignorées et merveilleuses.
- Qu’est-ce qui est et n’est pas en même temps ? - Le
néant.
- Comment peut-il être et ne pas être ? - Il est de nom
et n’est pas de fait. »
Alcuin d’York – VIIIe
*
Renaissance
« C’est par les débris des ouvrages des anciens que les
arts ont repris naissance chez les modernes ; c’est par les moyens qu’ils
employaient eux-mêmes qu’il faut chercher à faire revivre les anciens parmi
nous, en les continuant. »
Ingres – Ecrits sur l’art
*
Le plus européen de tous les biens
« Le
plus européen de tous les biens : cette ironie plus ou moins lisible au
moyen de laquelle la vie de l’individu revendique se dérouler sur un autre mode
que l’existence de toute communauté où elle se trouve jetée. »
Walter
Benjamin – Sens unique
(Traduction : Frédéric Joly) – 1928
*
Esquisse d’une carte littéraire du monde par Guy Debord
Etats-Unis : E. Poe ; H.
Melville ; Hemingway
France : Alcuin ; Table
Ronde ; VILLON ; Charles d’Orléans ; MONTAIGNE ; La
Boétie ; Montluc ; GONDI ; Pascal ; La Rochefoucauld ;
BOSSUET ; Molière ; Montesquieu ; Saint-Simon ;
Vauvenargues ; Diderot ; Saint-Just ; Chateaubriand ;
STENDHAL ; Nerval ; Musset ; Baudelaire ;
LAUTREAMONT ; Mallarmé ; Rimbaud ; Apollinaire ;
Proust ; Breton
Angleterre : SHAKESPEARE ;
SWIFT ; Sterne ; Th. de Quincey ; Coleridge ; W.
Scott ; Lewis Carrol ; Stevenson ; A. Cravan ;
(Joyce) ; Loewy
Allemagne : HEGEL ;
MARX ; NOVALIS ; CLAUSEWITZ ; Heine ; Hölderlin ;
Goethe ; Schiller ; Nietzsche ; Musil ; (Dada).
Pologne : Cieskowski.
Roumanie : Tzara ; (Isou).
Russie : Gogol ; Bakounine. Espagne et Portugal :
CERVANTES ; Calderon ; Gracian ; (Camoens ; Pessoa).
Italie : DANTE ;
MACHIAVEL ; Pétrarque ; Horace ; Suétone. Grèce :
Homère ; Héraclite ; THUCYDIDE ; Hérodote ; Aristophane.
Chine : LI PO ; Tou
Fou ; (mot illisible). Iran : OMAR KHAYAM. Israël : ECCLESIASTE. Maroc : Ibn
Battûta. Tunisie : Ibn Khaldoun.