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Ironie Ironie
Ironie
Interrogation
Critique et Ludique n°154 – Mars 2011
http://ironie.free.fr – ISSN 1285-8544
IRONIE : 51, rue
Boussingault - 75013 Paris
_______________________
Sexy Sexa Vita Nova
La
belle soixantaine !
Picasso, Mousquetaire et Amour,
1969
On met
longtemps à devenir jeune
Lizbeth Rocher a interrogé une
soixantaine d’hommes et de femmes ayant comme elle passé avec panache le cap
des Soixantièmes Rugissants. Elle a fondé son analyse sur des entretiens mêlant
célébrités et anonymes, amis et rencontres de hasard, commandant de police
antiterroriste et anarchistes, babas et bobos, artistes et intellectuels
reconnus ou précaires, marginaux ou embourgeoisés, commerçants du quartier ou
forains… les propos des gens ordinaires se révélant parfois extraordinaires… Ce
qui s’esquisse ici, voire s’affirme résolument, est un art de savoir vieillir,
que nos chers « sexy sexas » découvrent avec ingéniosité…
Qu’advient-il de la vie des sens en l’automne d’une
existence que nous voudrions encore et encore jonchée de printemps ? Quand
devient-on vieux ? On parle de
la génération « quadra » ou « quinqua ». Mais qu’en est-il
au juste des « sexas » — treize millions en France — au regard des trois centres d’intérêt et d’interrogation autour
desquels j’ai choisi de sérier mon enquête :
la séduction, le désir et l’amour ?
Qu’en est-il dans le cœur et le corps des sexagénaires ?
Que devient l’art de plaire
pour ceux qui auraient, selon certains,
outrepassé le temps des ardeurs du corps et des audaces effrénées ? Comment
ledit « troisième âge » se perçoit-il dans le miroir souvent cruel
que lui tend la société ? Les femmes sont-elles, à ce jeu-là, plus
vulnérables que les hommes ? Comment les
sexas se vivent-ils aujourd’hui, au gré des douceurs et des douleurs de
l’amour, en regard de ce qu’ils étaient hier ? Qu’est-ce qui change et se
maintient en eux et autour d’eux ? Quels tabous voudraient-ils abolir ?
Que peuvent se permettre les baby-boomers de différent ou de nouveau par
rapport à la génération de leurs parents ?
(Extrait de l’avant-propos de Vita Nova —la belle soixantaine !—, ouvrage à paraître de
Lizbeth Rocher)
***
Florilège
Amitié
Michèle M.,
journaliste, correctrice, choriste
Je n’ai jamais
fait de hiérarchie entre l’amour et l’amitié. Plus que jamais j’élève l’amitié
au rang d’une passion !
Britt Nini, documentaliste, critique de cinéma
« Salut
Camarade ! » disions-nous dans les années 70 : un temps où nous
n’avions ni amis ni copains, mais seulement des « camarades »… Une
manière de faire entrer « le Politique » jusque dans nos draps !
Danièle T., violoncelliste,
militante féministe Babayaga
Amitié rime pour moi avec solidarité féminine, militance, révolution
permanente ! J’aime l’idée folle de ces femmes de Montreuil qui refusent
le naufrage de la vieillesse, inventent une nouvelle façon de vieillir ensemble,
ludique, sociale, engagée. Pas mal d’entre elles ont soigné leurs hommes, élevé
leurs enfants et choisissent désormais de poursuivre la route entre elles. Il
arrive que l’amitié devienne amoureuse…
Charles G.,
distributeur de cinéma
L’amitié ? Tu veux une anecdote un
peu borderline ? Un soir au Mexique, Buñuel me raconte :
« Chaque jour, Federico Garcia
Lorca harcelait Salvador Dali :
— Alors quand ? Quand ?!
Dali de répondre :
— Ah non, la sodomie pas pour
moi !
Jusqu’au jour où Garcia éclate :
—Ecoute Salvador, si je ne te baise pas,
on n’est plus copains.
Là, enfin, Dali craque :
—Bon, écoute Federico, je ne veux pas
perdre ton amitié, alors on y va !
Au plumard, Dali se met à poil, Lorca
l’encule.
—Aïe, aïe, aïe ! Que dolor, que
dolor ! Hombre, pàrate, arrête ça, tout de suite !
Et Dali d’ajouter :
—Ecoute,
je préfère te perdre comme ami que d’avoir mal au cul !
Lorca de stopper net. Dali avait été
jusqu’au bout, tout était réglo. L’amitié était sauve.
(NDLR :
une amitié très profonde !)
Amour libre, mariage,
solitude
Maxime L.,
chanteur-compositeur célèbre
Le prince
charmant n’existe pas ! Aucun homme ne peut jouer ce rôle sans être
démasqué !
Michèle M., journaliste, correctrice, choriste
Revivre en couple si je redevenais
célibataire ? Hum… Je choisirais plutôt un mode de vie
individualo-communautaire, un phalanstère à la Charles Fourier. Génial,
d’ailleurs, le phalanstère, pour plus tard, plutôt que la maison de retraite
médicalisée !
Laurent D., artiste peintre
J’ai tout vécu : les périodes en ménage avec des
compagnes successives, les plages de solitude. Je suis à nouveau en couple,
tant mieux car je ne sais pas vivre seul, je déteste ! Je crois que les
femmes ont moins de mal que nous, d’ailleurs, avec cette histoire de solitude.
C’est propre aux mecs, non ?
Mimi M.,
assistante dentaire, mère au foyer, puis divorcée
C’est un peu
tard que j’ai compris que le divorce faisait partie du kit-mariage !
T’es lâchée à 60 balais pour une jeunette,
au moment où tu es très fragile, et cela sans explication, sans façon,
sans un rond. Cadeau de l’âge, merci Christian, classe ! Je me retrouve seule,
mais étrangement beaucoup moins abattue que je l’aurais cru. Plus d’horaires, oubliées
les corvées, retour aux copines, à l’Amitié grand A !
Sylvie P.,
libraire spécialisée
J’ai vécu
l’amour libre plusieurs fois, mais depuis quelques bonnes années, j’ai fait mon
choix. J’aime trop la liberté et les gens en général pour vivre avec quelqu’un
en particulier.
Fatima C., traductrice, interprète
Le mot « couple », pour moi, c’est le vieux
monde ! L’idéal, c’est le duo qui n’enchaîne pas, où chaque partenaire demeure
un individu aussi libre et ouvert qu’aimant et généreux !
Yves F., ancien député Vert, écrivain multipolaire
Moi je viens des communautés du Larzac, des Cévennes.
J’ai expérimenté toutes les formules avec des femmes différentes, des libres,
des moins libres, mais un jour ou l’autre, ça craque. Faire rimer amour et
liberté, complicité et libertinage, tendresse et légèreté, c’est pas facile
mais j’y ai toujours cru, j’y crois encore, on peut y arriver !
Aravni M.,
régisseuse, puis assistante sociale.
Je suis
célibattante et ça me va. Je ne suis pas
très douée pour la vie à deux et je n’ai pas dû faire les bonnes rencontres… Je
me méfie de moi, de trop donner, de me laisser envahir, donc je reste à
l’écart ! Je pense toutefois que je saurais mieux me préserver
aujourd’hui, que je ne me ferais plus « manger » quoi… Où ai-je lu
récemment que la courbe du bonheur atteindrait son zénith entre soixante et
soixante-dix ans ? Dans Le Monde, je
crois ?
Pascal B.,
philosophe, essayiste, romancier
Le
couple ? Il va tellement bien que c’est au nom de l’amour que tant de
couples se séparent et se persécutent ! Des conduites à répétition !
On a un peu honte de répéter invariablement le même scénario, mais on
recommence !...
Le couple
fusionnel ? S’il y a fusion des amants, il y a aussi risque de désagrégation…
Dominique R., photoreporter(e)
L’amour fusionnel, j’en ai toujours
rêvé, et le rêve empêche de le vivre !
Aventure(s)
Noël G., entarteur, critique littéraire
et de cinéma
Tant que les drôlesses tournicotent
autour de mon « couple pivot » comme en mai 68, je suis
rassuré ! Et je suis un fichu-pourri-gâté côté « aventurettes »
d’être accosté ainsi tous les jours en France, Suisse, Belgique, au Canada et jusqu’au Japon
par des inconnues de tous âges qui me félicitent pour mes tartes ! Il
arrive qu’elles m’offrent à boire, m’amènent chez elles… Et là le rhum,
l’aphrodisiaque Zottegem (la bière
qui rend « zot », dingo en flamand) et le sexe à la clé ! Bref, l’enchantement absolu, totalement
inattendu… (NDLR : une tarte, hop, deux nanas !)
Pierre A., comédien de premier plan
Plus besoin
d’aventure : j’ai la chance de vivre avec une femme qui est à la fois ma
maîtresse, mon amie, mon compagnon de
jeux, mon amour, mon enfant !
Lucien C., gynécologue, sexologue
J’ai aussi
rencontré des hommes monogames… (NDLR : il rit) Mais oui, ça existe ! Ils sont
heureux ou malheureux, mais ils ne pensent pas du tout à une autre femme que la
leur…
Dominique R., photoreporter(e)
Le tourisme sexuel ? Hou la, pas pour moi ! Je suis très puritaine
sur le sujet. Je ne suis pas allée voir le film avec Charlotte Rampling s’y
adonnant, par exemple, et Dieu sait si
je suis sensible à son charme ! Quant à l’échangisme, n’en parlons
pas ! Ou le sadomasochisme, l’horreur absolue ! Je suis désespérément
normale et j’assume !... Mais à la soixantaine attention, on se sent plus
que jamais à la merci d’une crise de romantisme ! On se dit : Et
pourquoi refuserais-je de m’embarquer dans une nouvelle aventure amoureuse,
c’est si agréable… Et puis on se réveille : Hé ho là, où je vais,
là ? Car au bout du compte, ce n’est pas agréable, ça cogne !
Leila A., gardienne d’immeuble
Je suis plutôt du genre
« veuve joyeuse » ! Me reprendre un mari ? Non merci, j’ai
donné ! Des petits « extras », ça et là, par contre… Mais des
vrais amoureux, hein, pas des escort
boys ! J’ai mes « visiteurs du
soir », ça égaye ma loge…
Nabil T.,
dermatologue spécialisé cosmétique
L’amoureux au
quotidien, je l’attends, je l’espère toujours ! Je suis toujours au point
mort, mais le bonheur de rajeunir les visages de mes patients est un orgasme
chaque jour renouvelé. Il est arrivé une fois que l’aventure pointe son nez, au
bout de mes doigts… experts, al hamdullilah !
Charles G.,
distributeur de cinéma
Il n’y a que deux sexes, on n’a qu’une
vie, quel manque de curiosité de ne pas tout essayer ! Je suis pour toutes
les expériences, au moins une fois !... « Surprise ! » me
lance un jour Henri Langlois à propos de l’invité que je devais aller chercher
à l’aéroport. C’était Orson Welles ! Nous dînons ensemble. Ne voilà-t-il
pas, au dessert, que Monsieur Welles en personne me pince sous la table (j’étais
très mignon) ? Une drague d’une beauté ! Orson, 140 kilos ; Langlois,
130 ! Que faire ? Allais-je me faire niquer par Orson Welles ? Je
savais qu’un jour ou l’autre il faudrait
bien y passer ; néanmoins, ce soir-là, je me débinai. Plus tard, par
contre, avec mon ténor…
Baiser moins ?
Pascal
B., philosophe, essayiste, romancier
On s’obsède avec le sexe comme avec le
bonheur. Comme si l’on pouvait commander l’un ou l’autre à la carte ! Oui, je crois désormais qu’il
faut se libérer de l’idéologie de l’émancipation obligatoire héritée de
68. En ce sens, je suis en rupture de la
rupture, ce qui ne veut pas dire que je renonce à quoi que ce soit, charnellement
s’entend !
Quand on arrive à une sexualité
épanouie, ce n’est déjà pas si mal… Mais l’injonction au sexe est devenue telle
que dans les périodes basses nous souffrons davantage d’avoir l’air moins
« verts » aux yeux des autres que de la baisse de sexualité
elle-même…
Fatima C., traductrice, interprète
Ce qui compte, c’est ce qu’on vit, bien
sûr, qu’importe le « qu’en dira-t-on » ! C’est d’ailleurs un des
privilèges de l’âge de devenir de plus
en plus indifférent au jugement des autres…
Jacques D., secrétaire de rédaction,
enseignant à Troyes, puis créateur du C.E.C.
Plus besoin d’avoir l’air de bêtes de
sexe déchaînées et consuméristes pour prouver quoi que ce soit.
D’ailleurs, je me sens plus serein maintenant qu’au temps des performances
quantitatives !
Mimi M., assistante dentaire, mère au
foyer, puis divorcée
Il y a un an que mon mari est parti avec
une Marocaine de l’âge de notre fille… Boudi-ou, faut croire qu’il n’avait pas encore assez
léché la poêle… (NDLR : expression occitane : il voulait baiser plus.)
Lucien C., sexologue, gynécologue
Baiser moins ? Cela ne prive pas
vraiment les femmes qui en sont « victimes », puisque leur état
physiologique les détourne alors du sexe… Enfin, pas toutes, il y en a qui en
souffrent et qui ont besoin de jouer les prolongations à coup de DHEA ou
d’hormonothérapie…
Danièle D., photographe, artiste-peintre
à Biarritz
La DHEA, j’en prends. Les hormones, non,
suite à mon cancer. Je ne souffre pas de la solitude mais du manque de sexe, si !
D’ailleurs, ça commence à bien faire... J’suis presque prête à payer un escort boy là…
Non je plaisante, l’amour tarifé, ce n’est pas mon truc, et je crois encore que
mon charme opère naturellement !
Lucien C., sexologue, gynécologue
Baiser moins ? Cela ne prive pas
vraiment les femmes qui en sont « victimes », puisque leur état
physiologique les détourne alors du sexe… Enfin, pas toutes, il y en a qui en
souffrent et qui ont besoin de jouer les prolongations à coup de DHEA ou
d’hormonothérapie…
Bander plus ?
Marc F., guitariste de jazz, compositeur
J’ai l’sternum, qui s’dégomme / Et
l’coccyx, qui s’dévisse / Et la pine, qui s’débine…
A cinquante ans, tu perds tes
yeux ; à soixante, tu perds la moitié de ta queue. Tu passes du verre à
moutarde au dé à coudre, ainsi va la bite !
Serge D., ancien commandant de police
antiterroriste, ténor dans une chorale basque
Leur sexe, leur phallus dont ils étaient
si fiers / Avec le temps n’a plus la prestance d’hier / Le temps a pour les
femmes des effets bien moins durs…
Jan B., cinéaste belge, écrivain,
fondateur du musée du slip
Le temps se raccourcit. Pour moi,
j’estime que j’ai encore dix ans à vivre intensément. Dix ans, pas davantage.
Je fais mieux l’amour qu’avant, je suis
plus à l’écoute de l’autre. C’est dire que faire l’amour pour moi est devenu
plus important que le simple « bander plus ».
Jehan V.-L., gardien de musée,
poète
Je jouis de plus en plus du seul plaisir
de contempler la beauté, sachant que la dame, là-bas, je n’aurai pas forcément
envie de la pénétrer. Mais la contempler, oui, et la pousser à la plus haute
impudeur, encore oui ! (NDLR :
Basic instinct ?)
Framboise D.-B., agrégée de lettres, écrivain
Est-ce mon Viagra mental à moi d’avoir besoin de deux
« maris » pour « bander plus » ? J’ai besoin de cette
réelle double vie pour maintenir mon désir en éveil et peut-être le leur… C’est
pourquoi je me garde bien de choisir l’un ou l’autre !
Lucien C., sexologue, gynécologue
L’insuffisance érectile est la
principale source de consultation, suite
à un cancer de la prostate, un problème de diabète, de cholestérol,
d’hypertension, d’acide urique… L’excitation pour l’homme est à 90%
visuelle : mettez-lui un porno, ce qu’on fait en labo quand il vient
consulter, et c’est bon : effet mécanique garanti ! Or avec le temps
il perd un peu la mémoire, la capacité fantasmatique s’effiloche, les souvenirs
visuels engrangés aussi… Chez les femmes, c’est différent ; elles s’aident
parfois d’un petit cinéma intérieur, mais qui n’est pas forcément classé X, et
qui peut-être résiste mieux au temps…
Charles G., distributeur de cinéma
Fi des tristes couilles et vive la
canaille ! Faut travailler les zones érogènes, nom de Dieu ! Pour
cela, j’ai mes dominantes, je les préfère aux soumises, c’est politique !
J’aime les Domina, les « Maîtresses ». On s’amuse, il m’arrive de me
retrouver à quatre pattes… Des saynètes, des petits jeux avec les expériences
et le temps... J’appelle cela « mes compositions »…
Margaret E., attachée d’ambassade
C’est à partir de cinquante-cinq ans que
j’ai connu mes meilleurs orgasmes. Jusque là, j’avais plutôt vécu avec des
papas voire des papis, pas très allumés au lit, du moins avec moi ! C’est
à l’âge mûr que j’ai rencontré mon meilleur partenaire sexuel. Un voluptueux,
quand j’étais un peu nunuche côté sexe. C’est pourtant moi qui lui ai dit un
jour : « Baisse ton pantalon » et qui ai tiré les rideaux !
Carpe
diem
Yves F., ancien député Vert, écrivain
multipolaire
N’écoute pas les peine-à-jouir. Ne te
laisse pas vieillir, n’obéis jamais !
Yolande G., cuisinière d’école à Vienne
Vis selon tes désirs et ton cœur, ne
tiens pas compte de la morale dominante…
Michèle M., journaliste, correctrice,
choriste
Cueille le jour, fais ce que tu aimes
plus que tout, prends la vie comme elle vient…
Noël G., entarteur, critique littéraire
et de cinéma
Tout ce qui est « casse-pompon »
dans la vie, – Travail, Famille, Patrie, Santé… – je le zappe, et ça
marche ! Le principe de plaisir contre la dictature de Monsieur Réel ! Les
passions m’absorbent tellement que je n’ai même pas le temps de penser à mon
diabète !
Framboise D.-B., agrégée de lettres,
écrivain
Au conseil d’Epicure, j’ajouterais le « fay
ce que vouldras ! » de Rabelais et un bon cocktail de Diderot, des Bijoux indiscrets
à Jacques le Fataliste ! Et croyez-moi,
il y a longtemps que je suis passée de la théorie à la pratique !
Pascal B., philosophe, essayiste, romancier
Je ne connais personne qui soit heureux
de vieillir, personne ! Donc, profitons, dépêchons-nous, car ça va bientôt
finir… (NDLR : Tic tac, tic tac,
tic)
Leila A., gardienne d’immeuble
Je ne manque jamais mon petit
rendez-vous quotidien avec ma Chartreuse ou mon Izarra bien vert, sur fond de Radio Nostalgie !
Fatima C., traductrice, interprète
Le « Inch’ Allah » (si Dieu
veut) tu parles, il faut lui donner un bon coup de pouce au « bon
dieu » pour que ça marche. Le destin, si tu ne l’aides pas, un peu beaucoup…
Chirurgie esthétique
Véronique A., comédienne de théâtre
J’ai bien envie parfois de lisser quelques rides,
de me faire rectifier ici ou là, mais mon amoureux ne veut pas que je touche à
la légère asymétrie de mon visage. Il aime mon côté Picasso !
Françoise B., enseignante aux Nations
unies, puis traductrice
Aux femmes obsédées par le Botox, j’ai
envie de dire : le problème, ce n’est pas vos rides, c’est vous !
Comme l’a dit Nathalie Baye, la pire des rides, c’est l’ennui…
Nabil T., dermatologue spécialisé
cosmétique
Pas trop de coups de bistouri qui
démolissent le caractère, dépersonnalisent un
visage ! Je préfère subtilement creuser, meuler, tatouer, retendre,
percer, gommer, maquiller, étirer, dérider, éclairer, cicatriser, épiler ou
réimplanter, remodeler, embellir pour « combler » mes patientes… Et
mes patients d’ailleurs, les hommes sont de plus en plus nombreux à franchir le
tabou des instituts de beauté et des consultations esthétiques…
Dominique P.-D., gynécologue
J’avais un nez que je trouvais moche,
qui me prenait la tête ! Jeune, je me le suis fait refaire, et jamais plus
je n’ai été obsédée par ce complexe, toute ma vie en a été débloquée, y compris
l’amoureuse !
Anne P., taxi woman
J’ai fait un lifting pour enlever à mon
visage son voile de tristesse. La tristesse demeure, mais je ne la regarde plus
pareil…
Hélène D., veuve d’un humoriste ravageur,
productrice
Le lifting, je l’ai fait à quarante-huit
ans — huit ans après la mort de Pierre — pour me reséduire en fait, pour que ma
gueule soit « raccord » avec l’intérieur. J’avais perdu dix kilos, les traits de mon
visage s’étaient détendus. C’était le masque de la vie subie…
Roland L., cinéaste belge expérimental
Le regard à la Maurice Béjart ? On
me l’a déjà dit. Mais ces paupières qui tombent, dites « donjuanes »,
j’ai très envie de me les faire relever… Ça fait triste non, qu’est-ce que t’en
dis ?
(NDLR :
Triste ou torride, l’érotisme de la paupière qui tombe chez Charlotte Rampling ?)
Fatima C., traductrice, interprète
Le visage après l’amour ! La peau
s’éclaire, les yeux pétillent, les lèvres redeviennent pulpeuses, les traits
rajeunissent : quel lifting rendra jamais cela ?
Désir
Maxime L., chanteur-compositeur célèbre
Le désir, c’est comme les marées, il y a
les hautes, il y a les basses… Désormais, je les aime bien toutes… Dans la
musique aussi, j’aime le silence entre les notes…
Britt Nini, documentaliste et critique
de cinéma
On a beau saluer les « privilèges
de l’âge », vieillir, c’est une blessure narcissique, surtout quand on a
si bien connu comme moi le harcèlement sexuel ! Tu veux éviter d’être vue
à poil, forcément, le sexe y perd des possibles… Où il est, le privilège, là,
tu veux me dire ?
Catherine B., conseillère culturelle
Côté libido, avoir mûri me va très bien, c’est même
mieux qu’avant ! Je n’ai jamais éprouvé autant de pulsions et de
désirs ! En attendant le prochain chéri, qui tarde à venir, Jack le Rabbit,
mon vibrant petit sextoy, fait du beau
travail : il stimule le clitoris et le vagin, à vitesse réglable, en silence.
C’est pas super, ça ?
Françoise B., enseignante aux Nations
unies, puis traductrice
Fini la dictature des hormones !
Nous sommes moins sollicitées, c’est un fait, mais les demandes s’ajustent à
l’offre… Pourquoi donc en faire tout un drame ?
Betsy C., kinésithérapeute, ostéopathe
Il suffit souvent d’un nouveau désir
pour réveiller le tout, en particulier la lubrification. Preuve que celle-ci
n’est pas liée aux ovaires, mais au désir !
Fatima C., traductrice, interprète
Je crois sincèrement au feu permanent,
aux braises sous la cendre. Mais il ne faut pas laisser s’accumuler les
réserves de bois à la cave !
Lucien C., gynécologue, sexologue
On revient de vacances, et puis on se
retrouve devant des sexes toute la journée. On pense des fois qu’on fait un
métier bizarre. Pour la libido, c’est pas bon quoi, ça vous la casse !
Britt Nini, documentaliste et critique
de cinéma
Selon les sexologues, la lubrification
du vagin ne serait pas hormonale, mais sexuelle, assez parallèle à l’érection masculine. Conclusion : même avec zéro hormones, tu
lubrifies !
Idéologie
Pascal
B., philosophe, essayiste, romancier
L’amour relève
de la scène privée. C’est dans les états totalitaires que la politique s’empare
de l’amour… La libération sexuelle portait en elle un dogme
très culpabilisant… Aujourd’hui, j’insiste, il faut se libérer de la libération !
Marianne S.,
one woman show borderline
Entre les
idées et le vécu, il y a des gouffres. Les belles idées révolutionnaires d’un
côté, des attitudes de femme soumise de l’autre… Le hic, c’est que je suis encore en plein
dedans ! Mais ça va changer, il le faut nom d’une pipe !
Lucien C., gynécologue et sexologue
Le sperme ne peut tout de même pas être
complètement dévalué, hein ? Maintenant, on est d’accord, il ne sert à rien au niveau de la jouissance.
Le plus souvent il finit dans une capote à la poubelle… (NDLR : Triste destin pour la valeur boursière de
la reproduction de l’espèce !)
Annie-Claire
M., monteuse de films
Dabs les
années 70, avoir trois amants en trois jours n’avait rien de déraisonnable ! Pourquoi
je couchais sans en avoir toujours envie ? Hum… par crainte du conflit
sans doute, par peur de dire non, par paresse, par lâcheté, par politesse
aussi, on n’avait pas trop le choix, ça faisait partie de l’accueil ! Et
puis c’est trop compliqué de dire non à un mec je trouve… Remarque, maintenant,
je suis moins polie !
Françoise B.,
enseignante aux Nations unies, traductrice
Fini le
terrorisme sexuel des années 70 et les procès révolutionnaires jusque dans nos
lits ! On n’a plus peur de se faire traiter de « frigide » ou de
« petite bourgeoise coincée ». On ne couche plus avec des idées, même
les plus « radicales » ! (NDLR : Exit le terrorisme de l’oreiller !)
Jalousie
Jan B.,
cinéaste belge, fondateur du musée du slip
Le mâle et la femelle sont naturellement
jaloux, il y a des terrains avec des limites. Voilà, c’est comme ça, il suffit
d’observer la nature… Jaloux, c’était mal vu en 68. Mais la nature, ce n’est
pas l’idéologie. Or nous, on a été baisés par l’idéologie !
Sylvie
V.-H., éditrice, puis correctrice et
relieuse
Quand j’ai compris que ce n’était pas parce qu’il mettait sa
zigounette dans le pilou-pilou de l’autre qu’il ne m’aimait pas, j’ai
pensé que si c’était ça, la jalousie, c’était quand même un peu débile ! (Rires)
Gérard P., directeur d’entreprise, puis
consultant
Jaloux je suis, jaloux je suis toujours,
mais de plus en plus tendrement.
Michèle
M., journaliste, correctrice, choriste
Le « moi
jaloux jamais ! » des soixante-huitards, quel bobard ! Bidon
tout ça ! J’ai toujours souffert de la jalousie, même – et surtout ?
– à cette époque où les occasions d’être jaloux surgissaient de partout !
Fatima C.,
traductrice, interprète
Dans la
jalousie, est-ce que ce n’est pas soi qu’on aime, au fond, plus que
l’autre ?
Yolande G., cuisinière d’école à Vienne
La jalousie ! Qu’est-ce que j’en ai
souffert, tout compte fait, sans jamais l’avouer, même pas à moi-même. Sacripant
de Le Gloupier (alias l’entarteur Noël Godin), je l’aurais bien entarté à
l’époque !... Au fil des années,
j’ai appris à balayer un tas d’appréhensions. Mon Martin aujourd’hui ne me
donne plus d’occasions d’être jalouse, je vis beaucoup plus sereinement et ça
me va !
Jehan V.-L., gardien de musée,
poète
J’ai rencontré un vrai jaloux, un jour,
dans un bistrot. On m’avait prévenu : ne déconne pas, ne regarde surtout
pas sa femme, c’est un « jaloux », un morbide ! Le pauvre mec
était constamment aux aguets, mal dans sa peau, avec lui, avec les autres. Le
jaloux va jusqu’au meurtre, c’est un assassin en puissance !
Betsy C., kinésithérapeute, ostéopathe
La jalousie touche à la peur de
l’abandon, au manque de confiance en soi, à des fragilités issues de l’enfance,
souvent. Une maladie, des nœuds gordiens
à dénouer sans cesse, à coups de pouces, pressions hypodermiques, massages
intelligents, onguents, points d’énergie à débloquer…
Britt Nini, documentaliste et critique
de cinéma
On dit « plus on aime plus on est
jaloux ». Mais la jalousie, pour moi, est à l’opposé de l’amour !
Jusqu’aux parents qui jouissent d’exciter la jalousie entre leurs enfants… Et puis
la Société prend le relais… C’est ainsi que des adultes bien conditionnés par
le logiciel capitaliste cherchent encore à avoir la meilleure part du gâteau.
Des jaloux, ou des arriérés mentaux ?
Henri S., paysagiste
J’ai souvent la nostalgie de « l’état
de jalousie » que je ressentais quand j’étais dans la passion. A présent,
je ne l’éprouve plus et il m’arrive de regretter l’intensité de la jalousie,
comme on regrette un tourment délicieux, une torture terrible et magnifique, la
sensation d’être menacé mais intensément vivant…
Brigitte B., ancienne informaticienne,
puis stagiaire chez un grand chef pâtissier
Un couple jaloux sent le renfermé, le
moisi. La jalousie est partout et elle est pernicieuse. Elle assombrit le
paysage, sape tout, détruit tout, étouffe le couple et le partage. Elle va avec
la compétition, ferme au plaisir, au ludique. Il faudrait plus de curiosité,
d’amour pour l’autre que de jalousie…
Jeunesse
Jacques
C., mathématicien-musicien, ténor précaire
Je cherche à
nier le temps. Le temps est lisse. Il faut jouir comme si on était
éternel !
Britt Nini, documentaliste et critique de cinéma
Quand on s’entend bien avec quelqu’un sur le plan cul,
on se sent jeune, on EST jeune !
Edwidge T.,
assistante sociale
Quel âge a-t-il ? Je m’en tape, il ne me demande pas le mien, il se fait plaisir, il me fait plaisir…
Fatima C., traductrice, interprète
J’ai tour à tour tous les âges et plus
souvent trente ans que soixante !
Françoise B., enseignante aux Nations
unies, puis traductrice
Un peu d’âge aide bien, jusqu’à être,
parfois, un incontestable avantage… Il ne faut pas croire, les mecs ne sont pas
attirés que par les minettes ; ils aiment aussi les femmes d’expérience, qui
ont une vraie histoire sensuelle et qui savent l’importance du corps…
Jehan V.-L., gardien de musée,
poète
Aujourd’hui, les femmes de soixante ans
sont magnifiques, le regard sur elles a complètement changé !
Myriam G.,
menuisière, traductrice
J’ai longtemps
cru que rien ne pouvait plus m’arriver à partir d’un certain âge ; mais
plus j’ai vieilli, plus ce « certain âge » a reculé !
Serge
D., commandant de police
antiterroriste, ténor
A l’âge mûr,
une femme connaît son corps mieux qu’une jeunette, tu peux lui faire un plaisir
immense rien qu’en la caressant…
Betsy
C., kinésithérapeute, ostéopathe
Les cougars,
un phénomène nouveau ? Lié à pipolisation et à la chirurgie esthétique, il
a tendance à agacer, voire horripiler. En même temps, pourquoi laisser aux
seuls mâles le plaisir de la chair fraîche ? Après le tandem barbon/tendron,
place au duo cougard/chiard ! (NDLR : Il n’est
jamais trop tard !)
Yolande G.,
cuisinière d’école à Vienne
Pour moi,
tout dépend de la chimie. Si elle correspond à la mienne, je me réjouis, sinon
je m’enfuis. On nous parle de retraite, mais l’amour et le désir n’ont pas
envie de prendre la retraite, on désire sans fin. On nous parle d’âge mûr, mais
c’est quel âge, l’âge mûr ?
Anne P., taxi
woman
Je suis une
enfant adulte. J’ai tout le temps devant moi, si bien que j’ai l’impression que
je n’ai encore rien commencé. Plus que jamais, champ des possibles est ouvert !
Patrice C.,
contrebassiste, compositeur
Le cap des
60, cela m’a fait quelque chose, bien sûr. C’est une sacrée barre de mesure sur
la partition de la vie. Mais le sentiment d’être dans les scansions d’une
continuité est plus fort que l’angoisse de vieillir.
Jouissances, plaisir de
vivre
Pascal B., philosophe, essayiste,
romancier
La vie amoureuse n’est pas dans le
« jouir sans entraves », elle est dans l’obstacle, le retard,
l’attente. Elle est quelquefois dans le délai. Maintenant, c’est Michel Onfray
qui nous bassine avec ses théories : un commissaire politique du plaisir !
Le plaisir, chez lui, c’est un ordre !... Il y a une manière non jouissive
de parler de la jouissance… Or le discours sur la jouissance, au fond, on s’en
fout, c’est de l’abstraction pure. Ce sont les êtres que l’on rencontre qui
sont merveilleux, non pas la jouissance en soi.
Françoise B., enseignante aux Nations
unies, puis traductrice free lance
Je décide moi-même des mille et une
manières de jouir de la vie ! Plus vieux, on jouit autant, mais autrement,
voilà tout. Avec plus de conscience et
d’acuité, souvent…
Lucien C., sexologue, gynécologue
Chacun a ses mots pour y accéder, le plaisir
sexuel est comparable au langage. Et pour ce qui est de l’orgasme, ben, c’est
court ! (NDLR : Oups !
Pourquoi donc en fait-on tout un fromage ?)
Pascal B., philosophe, essayiste,
romancier
Il y a aussi la simple joie de
l’approbation de l’existence telle quelle, avec ses bons et ses mauvais côtés… Et le plaisir n’est pas forcément sexuel…
N’y a-t-il pas aussi une jouissance du chaste, de l’ascète ?
Hélène D., veuve d’un humoriste
ravageur, productrice
Bien plus que la ménopause, n’est-ce pas
le manque de plaisir qui provoque le vieillissement ?
Betsy C., kinésithérapeute, ostéopathe
Je flambe un peu pour quelqu’un en ce
moment. L’autre jour dans le métro, rien qu’à fantasmer, à repenser à son
regard félin au moment clé, hop, l’incendie, le tour complet ! Mais oui
l’orgasme en douce, toute seule, comme à vingt ans !
Britt Nini, documentaliste de cinéma et critique
Jeune, tu surfes sur tes hormones, tu
jouis d’à peine trois de tes orifices, alors que nous en avons plus de
dix ! Aujourd’hui nous en pratiquons une bonne partie !
Catherine B., conseillère culturelle
Que faire de ces hormones qui se
réveillent, de ces pulsions inopinées ? Eh bien, je m’entretiens, je me
masturbe quasiment tous les jours par exemple, cela décuple les
endomorphines !
Myriam G.,
menuisière, traductrice
Il me suffit
de vivre pour être heureuse… Plus je vieillis, plus je savoure le présent dans
ses mille et un petits plaisirs.
Serge D., commandant de police
antiterroriste, ténor
La Carte du Tendre Senior n’a rien à voir
avec la performance, mais avec l’amour, le désir partagé. Une femme aujourd’hui me dirait « fournis
tes preuves », ça me ferait débander, alors qu’autrefois j’aurais fait sortir
le serpent du panier !
Edlin O., reporter télé, puis
« cheikha » soufie à Mexico
La jouissance amoureuse restitue l’état
d’enfance, rallume la volonté de vivre, embellit tous les êtres. Chaque
rencontre est une résurrection, una vida nueva, une vie sans cesse
recommencée…
Dominique R., photoreporter(e)
C’est grave la ménopause, mais à 60 ans,
elle est derrière. Terminé, c’est
reparti comme en quarante ! Ma soixantaine est bien plus heureuse que ne
l’a été ma cinquantaine, sexuellement parlant… Car ça revient la libido, oui,
tout revient, j’affirme : la capacité à fantasmer, à désirer, à jouir, le
droit à faire des conneries !
Passion
Charles G, distributeur de cinéma
La passion, pour moi, c’était sortir du
cadre, aller au-delà des limites des désirs les plus extrêmes, et y aller de
concert avec l’ aimée…
Sylvie P.,
libraire spécialisée
La passion
amoureuse, c’est l’exclusivité, ça détruit, ça rend con, ça rend flic ; ça
rend capable de faire des trucs contraires à sa propre morale. Non à la
passion, j’ai horreur de la passion, je suis contre ! Mais oui à l’amour
et à ses coups de foudre : de complicité, de partage, de camaraderie
amoureuse…
Jehan V.-L.,
gardien de musée, poète
La
passion ? Oh, que non ! Mais oui à la camaraderie amoureuse et à la
tendresse. Je renie la passion, mais pas la tendresse. D’ailleurs l’une dure,
l’autre pas…
Fatima C., traductrice, interprète
C’est bien plus dangereux pour le couple
de refouler une passion extérieure que de la vivre. Mais pour cela, il faut
beaucoup de confiance, en soi, en l’autre…
Britt Nini, documentaliste de cinéma et
critique
Moi qui étais si grave dans la passion,
depuis que Patrice est mort –qu’est-ce qu’on a ri ensemble ! – le rire est
devenu l’antidote de la douleur et le rire, partagé avec des êtres chers, le
baume indispensable au désir de vivre…
Betsy C., kinésithérapeute, ostéopathe
Hou la, dangereuse, la passion !
Une sorte d’explosif ! Du jour au lendemain, tu peux devenir un parfait
connard, une débile profonde, comme sous l’emprise d’une dictature, qui
pulvérise toute pensée critique et ludique. Ta meilleure amie peut s’avérer la
pire des dragonnes, tu ne la reconnais plus ! Tu ne te reconnais plus non plus,
quand ça t’arrive à toi. Un sacré coup de bambou sur l’intelligence !
Michèle M., journaliste, correctrice,
choriste
Je renie la passion, mais pas la tendresse. La tendresse
à qui j’accorde à présent énormément de place ! Toute la
place !
Maxime L., chanteur-compositeur célèbre
Je ne crois pas que nous soyons davantage
protégés des états passionnels vers la soixantaine… Il y a d’ailleurs des
passions dévastatrices… Jeune, la passion, c’est magnifique, un peu comme la
folie ; mais à 60 ans, celui qui quitte sa femme pour une passion, le jour
où il se réveille, « ça craint »…
Nina N, généalogiste
Est-ce que l’on devient moins dépendants
des passions, des emportements, avec l’âge et l’expérience ? Pas si sûr…
On n’en risque pas moins l’implosion ! Enfin, il y a les passions qui
aveuglent et celles qui éclairent, vous rendent plus lucides, sur la vie et sur
vous-même…
Peur, doute, refus de
souffrir
Fatéma H., restauratrice, ethnologue
Moi, ce que j’ai toujours craint, c’est
la peur de ne pas plaire, mais elle me paralyse de moins en moins, car je suis
de mieux en mieux dans ma peau… Un privilège de l’âge !
Lucien C., sexologue, gynécologue
Rien n’est
là pour faire l’amour, bizarrement… Le système nerveux autonome, indépendant de
la volonté, ne favorise pas le sexe, au contraire, il coupe les vannes,
toujours là pour empêcher, bloquer. Il ne lâche le frein que si s’installe un
climat de sécurité et de confiance, si les conditions sont favorables à
l’amour… Par exemple, les femmes qui font des mycoses à répétition avouent
souvent une crainte de faire l’amour…
Anne P.,
taxi woman
Quand tu
as, comme moi, une belle névrose, — merci Maman ! — tu n’es pas à égalité
avec les autres, tu appréhendes les bons
plans, tu sabotes tes propres chances amoureuses.
Roland L.,
cinéaste belge expérimental
Faire la cour aux jeunes filles, ce n’est pas la conscience de mon âge
qui m’en détourne — j’ai toujours quatorze ans dans ma tête — c’est la peur
d’être pris pour un vieux libidineux !
Fatima C., traductrice, interprète
Plus tard, cette histoire de peur prend
de l’importance. Le temps aidant, on devient moins audacieux, plus timoré. On
navigue entre l’assurance et le doute. Avant de conquérir l’être aimé, ce qu’il
faut reconquérir, c’est d’abord la confiance en soi, dans son propre corps. Il
faut se le réapproprier pour pouvoir le redonner…
Hélène D., veuve d’un humoriste ravageur, productrice
Je n’aime pas
morfler, je n’ai aucun respect pour la souffrance, je m’emmerde dans le
malheur !
Pascal B.,
philosophe, essayiste, romancier
La souffrance
amoureuse ? Qui ne l’a vécue ? Mais je déteste ça, j’efface, mon disque
dur raye tout seul…
Marianne S., one-woman-show borderline
Désormais, si je rencontre un homme
marié, je me casse vite fait bien fait de peur d’en tomber amoureuse. Pas
question de faire vivre à une femme ce que je viens de vivre ! Solidarité
féminine oblige !
Pia C., metteuse en page indépendante,
maquettiste
Bien sûr que j’aimerais retomber
amoureuse, mon handicap n’a d’ailleurs rien empêché, mais il s’aggrave avec le
temps… Or si tu t’installes dans la plainte, si tu te poses en victime, tu ne
t’en sors pas, tu crèves, c’est l’ennemi qui gagne. « Jamais victime »,
c’est ma devise !
Séduction
Marianne
S., one-woman-show borderline
Séduire, c’est
repousser l’âge. Tant que tu es jeune, pour la séduction, tu es une proie.
Moins jeune, tu aimerais bien le rester !... Le hic, c’est que quand tu es
très amoureuse, tu deviens tellement conne que tu es prête à tout pour séduire
ou reséduire. J’aurais changé les seins, moi, par exemple, si j’avais été sûre
que ça allait faire revenir mon mari. Et pourtant, je dors à plat ventre !
(NDLR :
Il n’est pas revenu, autant laisser tomber les seins !)
Marc
F., guitariste de jazz, compositeur
Mais quel
dommage ! Elles sont tellement plus jolies avec leurs rides ! C’est
comme les vins de garde, quoi, faut garder sa tronche maintenant ! Moi par
exemple, jeune, je me trouvais laid ; maintenant, je trouve mon visage «intéressant».
Michèle
M., journaliste, correctrice, choriste
Un homme
mûrit, une femme vieillit ? Pur cliché, ridicule, le genre de préjugé à
dégommer fissa ! Tous nous mûrissons et tous nous
vieillissons ! Rien ne sert de
vouloir séduire, il faut mûrir à point !
Yves
F., ancien député vert, écrivain multipolaire
Quand je ne
séduis plus, je suis mort… Je n’ai pas besoin de me séduire, je sais qui je
suis et je m’aime beaucoup. Encore qu’avec le temps, ça se dégrade… Quand
j’entre dans une pièce où il y a un chat et trente personnes, je commence par
le regarder dans les yeux. Dans les cinq minutes, il est sur mes genoux ;
ça, c’est de la séduction au sens le plus large du terme. Les chats aiment
qu’on les préfère et vont spontanément vers qui les aime. J’aime bien les
femmes-chats mais elles sont rares… Je
m’interroge de plus en plus sur ma stratégie de charme. Je ne couche
pratiquement plus jamais le premier soir… Et pas question de prendre un râteau !
(NDLR :
un coup de griffe à la rigueur ?)
Anne-Lise V., sculpteure, retraitée des
Nations unies à New York
Dans les sites de rencontres du Net,
pour séduire, les Américains se sentent obligés de dire « I love
sex », alors que chez les Français, ça va de soi ! Les Américains se présentent debout, tout
droit, en bermuda, entourés d’enfants, cherchant à faire ressortir leurs
qualités morales. Ils mentionnent leur poids, leur taille, leur religion, leur
degré d’alcoolémie, leur taux de nicotine… Les Français sont plus « fleur
bleue », parlent de sentiments, envoient des photos où on les voit radieux
au Taj Mahal sur fond de paysages fleuris…
Marie-Claire M., photographe féministe à
New York
La cyberséduction, c’est le voyage dans
des fantasmes à même de se concrétiser… Il existe une nouvelle race de femmes
avec le Net. Elles rencontrent des hommes qu’elles dominent par le Verbe. Le
Verbe, c’est l’hameçonnage version nouvelle technologie… Les Domina du Verbe
ont supplanté celles du Fouet ! A nous l’ouverture de la pêche !
Britt
Nini, documentaliste et critique de cinéma
Le
relooking au masculin ? Ouverte la chasse au poil jusqu’au pubis,
soupçonnable le cheveu long jusqu’à la boule à zéro, proscrite toute odeur
naturelle… Tyrannisés, masochistes ? Pauvres garçons, on ne leur en
demande pas tant ! S’ils savaient à quel point la séduction se passe
de tous ces masques…
Salma B., mystique, soufie, séductrice à
l’infini…
A chaque prière, chaque jour, je me fais
belle, me parfume à l’encens, me prépare longuement au cas où Il (Dieu en
personne, sic !) m’appellerait à Lui…
Jehan V.-L., gardien de musée,
poète
La séduction est intemporelle… Elle
rythme les jours, capte les chances d’être… L’autoséduction ? J’assume le
terme de « dandy », mais pas celui de narcisse. Je me dois d’être à
la hauteur de l’élégance des femmes…
Gilles P., critique gastronomique,
journaliste
Séduire, c’est plaire, être, paraître,
raconter. C’est toujours important. C’est le sel ou l’essence même de la
vie !
Dominique R., photoreporter(e)
La séduction est une joute consentie, un
jeu d’autant plus merveilleux que les parties jouent à égalité. Les femmes de
soixante ans de nos jours sont plus vivantes et séduisantes que jamais !
On n’est plus au temps de Balzac où la femme de trente ans était jugée
vieille ! Je dirais même qu’il y a une « séduction de l’âge »
qui a le vent en poupe. Mais oui, une
« aura sexa »…
Pierre A., comédien de premier plan
Je ne suis pas un séducteur, car je
m’attache ! J’ai détesté jouer Don Juan, par exemple, il y a vingt ans…
Etre séduit, c’est plus important que séduire… De toute façon, la première
personne que j’ai besoin de séduire, c’est moi ! Ce qui m’importe c’est
d’essayer d’être moi, de m’atteindre enfin… Alors est-ce que c’est ça,
vieillir ?
Maxime L., chanteur-compositeur célèbre
Je n’ai
pas envie de séduire si je
n’entends pas un écho dans la musique du désir, si je ne ressens pas la
réciprocité amoureuse…
Françoise B., enseignante aux Nations
unies, puis traductrice
Enfin libres ! L’âge nous libère de
l’obligation de séduire ! Plus jeunes, nous n’osions pas, nous voulions
trop plaire aux hommes ! Mais à
tout âge, l’envie de séduire demeure ! « On ne sait
jamais », disait ma tante Joséphine à plus de quatre-vingts ans, en se
mettant chaque soir une touche de parfum derrière l’oreille…
Sexualité
Denis L.,
avocat militant anarchiste, écrivain
Investissons
les zones révolutionnaires, mais n’oublions pas les zones érogènes ! (NDLR : Paroles,
Paroles, Paroles ?!)
Pierre A.,
comédien de premier plan
Sexa, mais pas cacochyme ! J’ai
encore le temps, non ?
Serge D.,
policier antiterroriste, ténor
On commence
par la caresse, on s’abandonne, on fait confiance, on reprend confiance, on
bande, on mouille… Comme l’a écrit récemment Philippe Delerm, « et on veut
de cette mouillure-là »…
Pascal B., philosophe, essayiste,
romancier
Nous ne sommes plus des prédateurs. Nous
n’avons plus envie d’être des proies…
Marianne S.,
one-woman-show borderline
Plus jeunes, cela nous énervait souvent
d’être des proies. Plus vieilles, on aimerait bien le rester ! … Il y
a des choses qui changent… Mate le phénomène des
cougars, par exemple : Claire Chazal et son jeunot dans Paris-Match, Catherine
Deneuve en couverture de Têtu, habillée chic en
position sodomite derrière un jeunot à poil ! Cela ne choque plus personne, au
contraire, sa légendaire froideur y gagne un galon !
Jehan V.-L., gardien de musée, poète
Il y a sûrement un lien qui perdure
entre le vit, le cœur et la tête…
Betsy C., kinésithérapeute, ostéopathe
Selon un ami sexologue, les hommes seraient
obsédés par l’insuffisance érectile qui les saisit ou qui les guette, en quête de
leur état antérieur, en soi, dans l’absolu, sans envisager pour autant une
relation sexuelle précise. Tandis que la baisse de la libido inquièterait moins
les femmes que l’indifférence de leur partenaire. La libido féminine serait
toujours liée à une relation amoureuse présente ou à venir. Est-ce si
sûr ? N’avons-nous pas quant à nous la nostalgie de la Nature, de sa
généreuse chimie, de la lubrification sexuelle ou de la « bandaison »
sans objet ?
Françoise B., enseignante aux Nations
unies, puis traductrice
Le simple désir de danser est devenu
pour moi tout aussi sensuel et excitant que le désir charnel. Quel luxe, enfin,
de s’offrir des plages d’inactivité sexuelle décomplexées et joyeuses et de
n’en concevoir nulle angoisse ! Cela n’exclut pas une nuit folle, ça et là
!
Dominique R.,
photoreporter(e)
Je déteste la
sexualité du « besoin », du « manque », des mots qui, à mes
yeux, relèvent de la vulgarité et du consumérisme sexuel.
Aravni M.,
régisseuse, puis assistante sociale
Enfin écoute,
le sexe, ça va, ça vient, ça ne vient pas, ce n’est pas grave…
Myriam G., menuisière, traductrice
Prendre de l’âge, c’est peut-être
prendre de l’altitude, regarder de haut et de loin sa vie amoureuse et
sexuelle…
Britt Nini, documentaliste, critique de
cinéma
Les règles ! Le sang des
vampires ! Le ressenti des caresses, faire l’amour « dans mes
époques », « quand les Anglais débarquaient inopinément » — en
rouge ! — c’était diabolique ! Après, tu inventes d’autres
scénarios, tout aussi chouettes, même si, hélas, les vampires sont partis…
Yolande G., cuisinière d’école à Vienne
Avant ma rencontre avec Martin, sans
être pour autant désemparée comme tant de femmes qui pensent qu’elles ne valent
plus rien sur le marché, je n’avais plus de vie sexuelle… Aujourd’hui, c’est la
Renaissance !
Sylvie V.-H., éditrice, puis correctrice, relieuse
Je n’ai jamais aussi bien joui que depuis
la ménopause ! Les règles me déréglaient !
Hélène
D., veuve d’un humoriste ravageur, productrice
La libido,
c’est comme le vélo, et tellement plus rigolo que la peinture à l’eau. Si tu
arrêtes trop longtemps, tu te casses peut-être un peu la gueule au début, mais
très vite, tu peux faire du VTT !
Utopie
Betsy C.,
kinésithérapeuthe, ostéopathe
Oui, on
demeure utopique, on veut toujours l’impossible ! Et tout ce qui est
possible se consume…
Framboise
D.-B., agrégée de lettres, écrivain
La liberté
amoureuse, ça fait partie de l’utopie. Moi, je la vis ! J’ai tout en
double dans ma vie : deux maris, deux maisons, un chat dans l’une, un
oiseau dans l’autre, le tout à Paris et moi entre les deux… Trente ans après,
je ne peux toujours pas choisir, car je sais que si je renonçais à l’un, je
perdrais l’autre et je ne serais plus leur objet de désir…
Fatima C., traductrice-interprète
Le couple parfaitement monogame est pour
moi une utopie. Se poser comme l’unique, l’indispensable pour quelqu’un sur toute
une vie, quelle arrogance !
Lucien C., sexologue, gynécologue
Si les femmes mouillaient en permanence,
si les mecs étaient en constante érection : une utopie sexuelle ? Oh
que non, ce serait carrément dangereux pour l’espèce, un danger total, on ne pourrait
rien faire d’autre. Le rut permanent et collectif relèverait plutôt du
cauchemar ! (NDLR : quel beau
sujet de fiction !)
Yolande G., cuisinière d’école à Vienne
Aujourd’hui, je m’accepte telle que je
suis, je n’y vois même plus le signe d’une « violation des droits
révolutionnaires ! » Bien sûr, j’aurais aimé croire en des
rapports amoureux multiples, au « Nouveau monde amoureux » de Charles
Fourier, à l’épanouissement de tous les participants, mais je suis convaincue désormais
que cela relève de l’utopie, une utopie bigrement tentante mais… Je ne crois
plus à l’utopie de la non-jalousie, mais je crois toujours à celle de la
« transparence » dans le couple. Quelles qu’en soient les
conséquences, je suis encore et toujours pour la confiance, la sincérité, la
vérité absolue !... Je ne crois plus au Grand Soir, mais je crois plus que
jamais à la force de nos désirs et aux plaisirs que l’on s’octroie…
Pascal B.,
philosophe, essayiste, romancier
La liberté
amoureuse ne rend pas l’amour plus léger, elle le rend plus compliqué ! Pure utopie que le culte de
la transparence en amour !… Il faut savoir défendre le secret, résister à
l’injonction de vérité, à cette sommation du « tout dire » si à la
mode dans les années 70…
Noël
G., entarteur, critique littéraire et de
cinéma
Tout se dire, la « transparence ? Je suis toujours pour, ma
complice aussi. Rien n’a changé dans notre pacte. La trahison, pour nous, n’est
pas de désirer, d’aimer ailleurs, mais le mensonge, par omission surtout, sa
seule idée nous fait horreur !
Maxime L.,
chanteur-compositeur
Se sentir
obligé de « tout dire » dans son couple ? Hum… on frôle vite
l’Inquisition… Il y a des moments, des âges où l’on peut tout entendre et
d’autres pas, où l’on est plus fragile…
Volonté d’aimer
Framboise D.-B., agrégée de lettres,
écrivain
Il faut déjà s’aimer soi-même pour aimer
les autres… « Si on compte sur les autres pour vous aimer à votre place,
sur la durée, c’est invivable », des mots d’Isabelle Adjani, récemment,
dans un magazine…
Betsy
C., kinésithérapeute, ostéopathe
La passion passe, mais la tendresse est
constante !
Edlin O., reporter télé, puis
« cheikha » soufie à Mexico
La vie est
d’autant plus belle que la conscience du temps qui passe s’intensifie. Je sais
que tout vient de moi, de ma volonté d’aimer, de me laisser aimer. Cette seule
volonté me rend invincible. « Z’à la vie z’à la mort », comme le
disaient les murs en 68, et, avant, les
pactes d’enfant !
Julien S., gay retraité, brocanteur, guide au
cimetière du Père Lachaise
Beaucoup d’homos mecs pensent qu’au-delà de quarante ans, leur ticket
n’est plus valable ! Des critères d’âge, d’apparence, d’esthétique…nuls quoi,
des préjugés, des idées reçues… Mais moi, voyez-vous, j’ai bientôt 70 ans et comme
je ne cautionne aucun de ces critères, je suis retombé amoureux ! (NDLR :
pourquoi dit-on retomber amoureux alors que tout remonte ?)
Sylvie V.-H., éditrice, correctrice,
relieuse
Il ne faut pas oublier que c’est moi qui
vis avec lui (Noël Godin l’entarteur,
sic)… Les autres passent, trépassent,
mais moi, je l’ai au quotidien ! C’est mon homme quoi, et il me touche
toujours aussi profondément… Tiens le voilà qui arrive, regarde comme il
marche, cette poésie dans l’espace, je ne m’en lasse pas…
Mimi M., assistante dentaire, femme au foyer,
puis femme divorcée
L’amour advient tant qu’on a l’intention
de l’accueillir pardi !… Et un bel Egyptien à défricher, à
« décrypeter », dans ma Montagne noire, ça me dirait bien, heinnng ?
Pas besoin de s’appeler « Madame Champollion » !
Betsy C., kinésithérapeute,
ostéopathe
« Tout
homme est fils de son expérience », a dit Montaigne. Ceci dit,
l’expérience ne sert à rien en amour puisque nous sommes prêts à refaire les
mêmes bêtises en son nom et à tout âge !
Françoise B., enseignante aux Nations unies, puis traductrice
Nul doute que le parfum de jasmin n’est
pas le même quand on le respire à 20 ou à 60 ans. Car chaque instant vécu à
soixante ans est plein, plein de tous les instants vécus avant. Quel luxe, quelle
richesse !
Marianne S., one woman show borderline
Je sais que je
suis encore dans le mythe « fleur bleue », mais rien à faire, je veux
toujours rêver ! Les immortelles, c’est le nom d’une fleur,
non ? Bleue ? Hi, hi !... Bon je rame, je bagarre encore
aujourd’hui pour y arriver à cette « insoutenable légèreté de l’être »
en amour, cette désinvolture tranquille qu’aiment tant les mecs ! (NDLR : elle se met à danser : I want to be loved by you, nobody else but
you… pou-pou-pi-dou !)
_______________________
Alors ? Prêts pour une sexy sexa
« vita nova » ?
L’entrée dans la nouvelle vie qu’est la maturité demande de
l’imagination et une vigilance constante ; tout un travail de conscience
et de lucidité, d’humour et de foi dans la vie qui se peaufine très en amont… Changer le regard que la société
porte sur l’âge mûr, désamorcer les pièges sournois qu’elle tend à l’existence,
relever le défi du destin à l’aube de
leur « nouvelle vie », les sexas s’y emploient et vont inventer bien
d’autres choses encore.
Conscients de leurs avantages, — progrès
de la médecine, avancées technologiques — qu’ils manient souvent avec brio,
comme délivrés de l’Histoire, ils tracent toujours de nouveaux chemins vers un
« quatrième âge » — voire un cinquième, pourquoi pas ?—
égayé de leurs utopies, projets et folies jamais éteintes…
Leurs révélations fourmillent de
mille tours, astuces, recettes, lesquelles, par touches successives, débouchent
sur une forme d’acquiescement à l’existence qui n’a rien d’une résignation.
Bien au contraire, ils mènent leur barque au milieu des récifs en les
affrontant résolument, allumant ça et là des petites lueurs qui ne peuvent
qu’éclairer notre propre navigation. J’ai été séduite par la pertinence, la
densité, la tendresse, l’intelligence, la drôlerie et la poésie de la plupart d’entre
eux…
Portes grandes ouvertes, donc, à une présence à la vie qui
transcende les affres du temps et les préjugés sur l’âge encore vivaces !
Voilà l’état d’esprit positif et optimiste dans lequel m’a laissée cette
enquête. Ils réveillent tout et ils nous
réveillent, merci à eux !
Par ici la sortie des idéologies, bienvenue à la sensualité
amoureuse de LA SEXY SEXA VITA NOVA !
Lisbeth Rocher